Les évolutions des systèmes de chargement des revolvers

Les méthodes de chargement du barillet

Vous avez été nombreux à apprécier notre premier article de notre série sur les revolvers. Il permet de saisir les évolutions de ces armes à feu. Maintenant, pour bien comprendre comment marche un revolver, penchons-nous plus particulièrement sur les défis techniques posés par les barillets.

Le plaisir avec un revolver c’est de faire basculer le barillet sur le côté et de le remettre en place d’un simple mouvement de main. Pour parvenir à ce geste satisfaisant, des années de recherche et d’innovation furent nécessaires ! C’est pourquoi, hélas, cette pratique n’est possible que sur les revolvers modernes. Dans ce deuxième article sur les barillets et leur histoire, on vous explique tout.

Anatomie d'un revolver : les composants des revolvers

Le barillet, point faible des revolvers ?

La jonction entre le barillet et le canon et un point de fragilité des revolvers. Pourquoi ? C’est à cause de pressions énormes produites lors du tir par l’explosion de la poudre et l’échappement des gaz par le côté, entre le barillet et le canon. Sur les premiers revolvers il valait mieux que l’ensemble soit le plus solidaire possible. Il y avait d’ailleurs un débat concernant la plus grande fragilité des Colts à carcasse ouverte par rapport aux Remington à carcasse fermée.

Pourtant tous les modèles de revolvers à chargement par la bouche disposaient d’une fonction de démontage du barillet. Cette fonction était nécessaire. Il fallait bien démonter le barillet pour nettoyer les dépôts de poudre brûlée ! Ces dépôts, en s’accumulant, forment une épaisseur de calamine. Il était donc tentant de « détourner » la fonction de démontage du barillet… pour le sortir rapidement et le remplacer par un autre préchargé.

Sur les colts à percussion, l’opération était délicate. C’est que pour accéder au barillet, il fallait retirer une clavette sur la carcasse et séparer le canon de la carcasse… avec le grand risque de perdre des pièces. C’est Remington qui a optimisé cette fonction pour permettre le chargement rapide de son revolver modèle 1858. Avec celui-ci, il suffisait de débloquer le refouloir et de repousser la tige de l’axe central pour retirer le barillet et le remplacer par un barillet chargé.

Vous retrouverez très prochainement la reproduction de Kolser du Remington modèle 1858 parmi les répliques de revolvers western du Chevalier du Drac.

Le barillet : recherches et développement d’une innovation

Clint Eastwood dans Pale Rider

Le remplacement du barillet était une opération rapide qui prenait à peine plus de 10 secondes. On en voit d’ailleurs une illustration de cette fonctionnalité dans « Pale Rider ». Clint Eastwood, y recharge rapidement son Remington en échangeant les barillets lors du duel final.

Avec le développement de revolvers à balles et du chargement du barillet par l’arrière, les armuriers ont proposé différentes options pour faciliter l’introduction de balles dans le barillet.

https://youtu.be/WQuKXGOoqUc

1.1. Canon à brisure

Nous l’avons vu dans notre premier article : Smith & Wesson fut la première armurerie à sortir des revolvers à chargement par l’arrière puisqu’elle avait l’exclusivité du brevet Rollin White (sur le chargement du barillet par l’arrière). Smith & Wesson avaient opté pour un canon basculant pour libérer le barillet. Dans cette configuration, le canon était fixé à la carcasse par un axe pivotant et un verrou assurait la fermeture. Pour libérer le barillet, sur leurs premiers modèles (SW n°1 et n°2) le canon basculait vers le haut (« Tip-up »). C’est aussi le mode de rechargement adopté par Remington pour son Derringer 1866.

A partir du modèle 3 l’ensemble canon et barillet basculait solidairement vers le bas quand on libérait un verrou sur le dessus de la carcasse (« Top-break »). La version améliorée du modèle 3, dite « Schofield », du nom de l’officier qui a contribué à sa conception, avait même un système d’éjection. Ce système extrayait les douilles quand le barillet s’abaissait. Cette solution s’est avérée efficace. Des démonstrations prouvèrent qu’un cavalier en mouvement rechargeait un schofield deux fois plus vite qu’un colt SAA. D’ailleurs, entre 1870 et 1874, l’armée américaine commanda encore 28 000 exemplaires du Smith & Wesson Model 3.

L’inconvénient des revolvers à brisure vient de leur fragilité intrinsèque. Cette fragilité oblige à renforcer la carcasse. Et donc à produire des revolvers soit plus lourds, soit plus fragiles. Denix propose une belle réplique du canon du Schofield. Cette réplique reproduit le système de brisure du canon, mais sans le système d’éjection des balles. C’est, quoi qu’il en soit, la seule réplique disponible de revolver avec brisure.

1.2. Brisure par extension du canon

Sur le vieux continent, Charles-François Galand avait breveté en 1868 un revolver à cadre ouvert et double action. Sa principale caractéristique était un levier, placé sous le canon et la carcasse, faisant office de pontet. Et, une fois actionné, ce levier déplaçait le canon et le barillet vers l’avant pour libérer les cartouches. Ce revolver original n’a pas été largement diffusé aux USA. Mais on peut le voir apparaitre furtivement dans le film « le bon, la brute et le truand ».

1.3. Barillet pivotant

En 1879 l’armurier Iver Johnson proposa un système original de barillet basculant latéralement (« Swing Cylinder »). L’ouverture de la porte de chargement libérait le barillet qui s’ouvrait vers la droite. Le coût important de ce modèle très technique donna lieu à une production limitée à moins de 10 000 exemplaires.

1.4. Canon basculant

L’idée du barillet basculant apparut assez tôt. Dès 1860 l’armurier Daniel Moore avait sorti un revolver simple action à 7 coups à barillet basculant. L’ensemble barillet et canon basculait légèrement et d’un bloc sur la droite lorsqu’on appuyait sur un bouton situé à droite du chien. On pouvait alors introduire les cartouches. Pour ce revolver, très en avance sur son temps, on avait le choix entre 3 longueurs de canon : 4″, 5″ et 6″. Malheureusement son barillet percé de part en part contrevenait à la licence exclusive du brevet Rollin White… les revolvers furent donc saisis au profit de Smith & Wesson. Et Moore cessa de produire le modèle 1860. Un modèle jamais répliqué depuis.

À la même époque en Italie Alexandre Guerriero fit breveter en 1863 un revolver de son invention qui améliorait le système à broche Lefaucheux. Ce revolver innovant facilitait le chargement/déchargement grâce au barillet tombant sur la droite. Du fait d’une trop grande fragilité, ce revolver ne fut pas retenu par l’armée. Cela ne l’empêcha pas de connaître un véritable engouement sur le marché civil. Et de nombreux modèles de tailles et de calibres divers furent proposés dans une grande variété de finitions. Après quoi le dispositif tomba dans l’oubli pendant près de 20 ans, jusqu’à ce que Colt s’intéresse à ce système de chargement à barillet tombant.

Perfectionnement des revolvers avec barillet

Colt privilégiait la solidité de ses revolvers. C’est pourquoi il s’est longtemps cantonné à son système de chargement du barillet par une fenêtre s’ouvrant sur le côté de la carcasse. Pour autant, Colt fut le premier fabricant à produire un revolver avec un barillet pivotant. C’était le colt Model 1889, un revolver à double action. Il était donc équipé d’un barillet pivotant, libéré par un loquet coulissant sur la carcasse. Cette conception présentait deux avantages par rapport aux modèles précédents. D’une part elle permettait un chargement rapide ; d’autre part elle conservait aussi la résistance d’un cadre solide.

Le modèle 1889 et ses variantes ont été adoptés par l’armée américaine. Elle les a utilisés avant l’introduction du pistolet M1911. Le modèle 1889 a également été vendu dans le commerce sous le nom de Colt New Army and Navy. Environ 31 000 revolvers Colt modèle 1889 ont été produits. Pourtant, ce modèle avait un défaut : comme il n’utilisait pas de goupille centrale, le barillet avait tendance à se désaligner. C’est à partir de ce modèle que le barillet bascule sur la gauche.

Smith & Wesson suivit sept ans plus tard avec le Hand Ejector, modèle 1896 en calibre .32 S&W Long. Pourquoi ce revolver était-il appelé Hand Ejector ? Parce qu’il fallait faire basculer le barillet puis pousser de l’autre main la tige d’extraction pour éjecter les douilles. En revanche, sur les modèles Top-Break l’extraction des douilles se faisait automatiquement avec l’ouverture du cadre. Il s’agissait d’une amélioration par rapport à la conception du Colt 1889 car celui-ci utilisait une broche centrale et une tige d’éjection combinées pour verrouiller le barillet en position.

Le Hand Ejector 1896 est le premier revolver à cadre fixe et barillet basculant de la firme et cela va devenir sa spécialité. Le Hand Ejector 1896 est le premier d’une famille de trois modèles qui sera produite de 1896 à 1942 à 300.000 exemplaires. Très innovants, ils inspireront Colt pour ses fameux Colt New Police.

Pour plonger en image dans l’histoire, voici une série de vidéos. Comme notre article, nous espérons qu’elles vous aideront-elle de choisir votre revolver à barillet préféré !

VIDEOS

Histoire du schoefield

https://youtu.be/i9c8th014t8

  • Du volcanic au schoefield

https://youtu.be/BFcXaHldjAI

  • Remington

  • Comment marche un revolver ? Le colt navy 1851 (en anglais)

  • Lemat

  • Changement de barillet

  • Démontage de barillet colt 1860

  • Changement de barillet remington 1858

https://youtu.be/WPU8zOHzco4l

  • Lebrute

  • Le retrait du barilet du colt navy

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